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CaDerange
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26 avril 2007

La France, le lobbying, et le Gallic Spirit dans l'Europe d'aujourd'hui...

Je vous signale à intervalle de temps réguliers les différentes erreurs et retards d'application qui semblent être une caractéristique très française de notre manière d'administrer les affaires du pays.  A ceci prêt que désormais ces erreurs muliples entrainent condamnations, pénalités financières et astreintes à payer au budget européen.

Le rapport annuel du Conseil d'Etat, la plus haute cour de justice pour le droit administratif et l'équivalent en quelque sorte de la Cour de Cassation pour le droit civil, vient nous le rappeler à point nommé. Voiçi un florilège des constatations du rapporteur du Conseil d'Etat:

"La France peine aujourd'hui à maitriser l'ensemble des stratégies qui permettraient la poursuite dans des conditions harmonieuses  et conformes aux interêts nationaux de la construction de l'Europe."

"Le rapport de l'efficacité en Europe réside dans l'influence et les réseaux moins que dans la puissance"

"Bruxelles est une auberge espagnole, on en retire ce qu'on y rapporte"

et en conclusion le rapporteur du texte suggère la mise en place  vis à vis de Bruxelles  d' "une véritable stratégie d'influence politique"

En d'autres termes il s'agit, au lieu d'attendre le dernier moment pour s'occuper de sujets ou de directives futures affectant la vie de tous les jours des Français, de mettre en place des groupes de travail pour y réfléchir avant d'établir une position officielle et d'essayer d'influer largement en amont dans les instances bruxelloises pour faire valoir nos avis et modifier eventuellement certaines directives avant même qu'elles ne commençent à devenir publiques.

Et le rapport de citer en exemple le faible intérêt manifesté initialement par l'administration Française pour la directive Bolkenstein qui avait pourtant fait l'objet d'un livre vert en 2003 suivi d'un livre blanc en 2004 alors qu'elle fut le point de départ du rejet de la Constitution Européenne en 2005. Un travail de reflexion en groupe de travail réunissant représentants de l'administration et de la société civile suivi d'une action forte de "lobbying " à Bruxelles aurait peut être permis d'éviter le psychodrame de cette directive.

Le Lobbying, que le rapporteur traduit par stratégie d'Influence, est une pratique anglosaxonne qui ne comporte pas d'équivalent dans notre langue et qui consiste à faire valoir auprès des décideurs politiques, les avantages et les inconvénients de tel ou tel projet de loi ou de règlement. Il peut être fait directement par les représentants des pays ou leur personnel administratif auprès des personnels de la Commisssion de Bruxelles ou auprès du Parlement de Strasbourg, ou encore par des cabinets spécialisés, généralement de juristes, dont c'est le métier et le savoir faire que de connaitre les leaders d'opinions sur tel ou tel type de sujet et de pouvoir leur  faire passer une note représentant les arguments techniques, économiques ou politiques d'un pays, d'un parti ou d'une industrie.

La France,son personnel politique, et ses ressortissants ont la réputation dans le monde d'un certain état d'esprit, le "gallic spirit", qui se définit par un mélange de supériorité affichée, d'une certaine arrogance, de la certitude d'avoir raison qui nous vient de notre histoire et de l'époque où nous dominions le monde de notre puissance économique, militaire et culturelle. Cet état d'esprit est malheureusement contraire à la pratique du lobbying qui suppose une certaine modestie.

Si nous voulons que notre peuple se sente plus proche des décisions de Bruxelles et moins frustré en permanence de se sentir rejeté par les autres pays européens, peut être serait il temps de ranger notre grandeur passée dans l'armoire des souvenirs et d'essayer de nous rebatir une image de pays coopératif, cherchant toujours le compromis acceptable par tous et qui soit au service d'un projet commun comme tous ses alter ego.

Ce n'est pas abandonner ses idées, loin de moi cette idée, mais c'est les expliquer longuement et patiemment à tous pour savoir les faire accepter par la majorité, au risque parfois d'en perdre la paternité. Tous ceux qui ont travaillé dans une multinationale étrangère savent de quoi je veux parler.

Voila ce que m'inspire ce rapport du Conseil d'Etat sur notre attitude vis à vis de Bruxelles.Espérons qu'il sera suivi d'effet contrairement à celui de 1992 qui faisait déjà exactement les mêmes remarques et recommendations...

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CaDerange
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