La méthode Bayrou ne marche pas ...en Allemagne

Le fond de commerce de François Bayrou dans cette campagne électorale pour la présidentielle, c'est d'avoir réussi à persuader les Français que l'on peut gouverner le pays en mettant en place une coalition gouvernementale entre la droite et la gauche ou tout au moins entre des participants de droite et de gauche qui voudraient bien participer à un gouvernement de coalition sous sa Présidence.

La grande référence de François Bayrou pour convaincre que c'est possible, c'est l'exemple de l'Allemagne qui est dirigé depuis les dernières élections et sous la direction d'Angela Merkel par une coalition SPD/CDU/CSU et qui a connu depuis une embellie économique d'une ampleur inattendue et très bienvenue. Pas de chance pour lui, période préélectorale aidant( ce n'est pourtant qu'à l'automne 2009!), la dite coalition commence à marcher de plus en plus mal et chaque branche de la coalition commence à se positionner différemment de la branche rivale. Le SPD se positionne en parti de la paix en refusant les idées de bouclier antimissile américain en Pologne(!) et prevoit de faire parler la poudre, en l'occurence la mise en place d'un SMIC en Allemagne lors de la campagne, alors que les négociations salariales ressortent là bas exclusivement de discussions patronat/syndicat.

Coté CDU/CSU, on avance l'idée de baisses d'impots pour les particuliers dans le droit fil de la baisse de l'impot sur les sociétés que la coalition met en place en ce moment. Les Verts, qui on toujours eu un rôle de charnière, se reveillent a nouveau dans l'espoir de reprendre en 2009 ce rôle traditionnel.Tout ceci pour dire que la coalition que François Bayrou appelle de ses voeux ne semble pas être une sinécure au jour le jour!

Encore faudrait il qu'il se souvienne que la mise en place de cette coalition s'est faite a minima en ce sens qu'il a fallu une longue négociation entre partis pour arriver à définir un progamme commun qui ne mécontente pas tout le monde et que ce programme a forcément été établi en éliminant tout ce qui pouvait facher. En d'autres termes la coalition expédie les affaires courantes,sans s'attaquer aux problèmes de structures sur lesquels il y a désaccord .On peut imaginer sans peine les batailles épiques entre membres d'une telle coalition en France pour arriver à un programme commun qui serait forcement très limitatif pour le Président en titre.

Autre sujet de dispute éventuel, le rétablissement de la compétitivité de l'industrie française,- un non évènement dans la campagne française- pour laquelle les recettes allemandes(restriction des salaires, retour sur accords de partage de temps de travail, allongement du temps de travail sans compensation), mise en place d'ailleurs par le gouvernement Schröder et non par la coalition qui en tire pourtant les bénéfices, sont à des années lumières d'un quelconque compromis acceptable en France entre droite et gauche.

C'est dire que l'idée, a priori attractive pour les Français, d'un gouvernement d'Union Nationale sous la banière de François Bayrou, n'est pas gagnée d'avance et que je lui souhaite bien du plaisir pour le mettre en place et le faire durer dans le cas où il serait finalement élu. Hypothèse tout a fait plausible car pour lui tout se joue au premier tour. S'il arrivait en effet en seconde position au premier tour, le mécanismes des reports de voix, soit des socialistes battus face à Sarkozy, soit des electeurs d'un Sarkozy éliminé face à Ségolène, se ferait sans aucun doute en sa grande faveur.

Souhaitons lui bonne chance, bien sur, car pour lui l'enfer commencera le lendemain de son élection...