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CaDerange
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4 février 2007

Pollution automobile: Le mieux est l'ennemi du Bien !

L'industrie automobile européenne est à un tournant difficile concernant la poursuite des efforts considérables qu'elle a déjà fait mais qu'il faut poursuivre pour diminuer la pollution de nos voitures, que ce soit leurs émissions de CO2 qui sont inhérentes à tout fonctionnement de moteur, comme les émissions de produits réellement polluants comme les oxides d'azotes ou les hydrocarbures imbrulés. Car dans le domaine de l'amélioration sans fin des moteurs, le mieux est parfois l'ennemi du bien.

Un état des lieux tout d'abord. En ce qui concerne les émissions de CO2, l'industrie Européenne s'était engagée en 1990 à descendre à des émissions moyennes, tous véhicules confondus de 140 g/CO2 au kilomètres en 2008 alors que le niveau d'émission de CO2 à cette époque là était de 185/190 g/km. A l'heure actuelle, elle n'a réussi qu'à descendre à 160g/km et il commence à devenir improbable que l'engagement des 140g/km soit tenu. Pourtant la Commisison de Bruxelles, tout au moins le Commissaire à l'Environnement, Stavros Dimas, voudrait entériner un abaissement des émissions de gaz carbonique à 120g/km pour 2012. Son collégue, le Commissaire à l'Industrie, Günther Verheugen, ne veut pas de texte contraignant car il craint que, à force de charger la mule, elle n'en crève.

Pour les polluants dit locaux, Oxydes d'azote, Particules et Hydrocarbures imbrulés, les normes n'ont pas arrété de se sévériser depuis 1993, date de la norme Euro 1. Nous en sommes à la norme Euro 4 qui est 3 fois plus sévère qu'Euro 1 pour les Oxydes d'Azotes et les hydrocarbures imbrulés et 6 fois plus pour les émissions de particules.Les députés européens viennent également d'adopter les normes Euro 5 pour le 1er Septembre 2009 et Euro 6 pour Septembre 2014.

Le problème c'est qu'il est toujours très facile, dans un bureau confortable et sans connaissance de l'imprévisibilité des avancées en recherche, de fixer des normes sans se rendre compte de la difficulté de les respecter et des conséquences qu'elles impliquent. D'autant plus qu'au delà des émissions d'un moteur dans des conditions standardisées, quantité d'autre phénomènes interviennent sur le degré de pollution final de la circulation automobile tel que le choix des modèles achetés par les clients, la poursuite de l'engorgement des villes, les effets négatifs éventuels d'autres règlementations, l'évolution des modes de vie et l'importance du parc de véhicules anciens qui est quand même responsable de 80 pct de cette pollution.

Or la première cause de la non atteinte des 140g/km provient du gout des clients pour les gros 4X4, pour des voitures plus longues et moins aérodynamiques et donc pour des véhicules qui vont a contrario des efforts des constructeurs.Sans que le législateur ait fait quoi que ce soit à ce jour pour en dissuader l'usage.Sans que les gouvernements divers ne se soient engagés ni dans des travaux d'amélioration des infrastructures, ni dans des campagnes d'éducation des citoyens pour faire en sorte qu'ils arrètent de prendre la voiture pour aller chercher leurs cigarettes ou leurs enfants à l'école à 100 m de chez eux . Tout se passe comme si on demandait des efforts considérables aux constructeurs en considérant " qu'ils y arriveront bien" et qu'on repousse de ce fait ses propres responsablités sur l'amélioration des comportements.

Or toutes ces améliorations demandent des études de plus en plus longues et incertaines au fur et à mesure que les améliorations attendues viennent se surajouter à des niveaux d'émissions devenus très faibles ou à des rendements très bons, et se traduisent par des surcouts qui risquent de rendre les nouveaux modèles inaccessibles à la majorité des clients, voire peuvent avoir un effet négatif sur d'autres émissions ! C'est ainsi que le passage d'un niveau d'émission de 160g/km à 140 coutera par voiture de l'ordre de 1200 euros et que celui du passage de 140 à 120 rajoutera encore 2500 euros supplémentaires au prix moyen des voitures. En d'autres termes on va finir par exclure de la possibilité d'achat d'une voiture neuve vers les 2009/2012 de larges franges de nos populations.

Autre exemple la passage d'Euro 4 à Euro 5 renchérira le prix des modèles Diesel, les plus économes en énergie, de 900 euros du fait de la systématisation des filtres à particules, poussera les clients à revenir vers le moteur à essence moins couteux mais moins efficace énergétiquement et surtout augmentera consommation et donc émission de CO2 des nouveaux modèles de l'ordre de 5 à 6 pct. Car il faudra, comme vient de le présenter Renault, injecter du carburant dans les filtres pour y bruler particules, dépots d'hydrocarbures ou oxydes. Un effet pervers qui a déjà eu lieu avec la législation sur la protection des piétons qui a rallongé le nez des voitures et donc leur poids au détriment de la consommation pour un effet dont je ne suis pas sur qu'il ait été mesuré ni qu'il soit mesurable.

Monsieur Günther Verheugen plaide, avant toute mesure contraignante nouvelle, pour une étude d'impact approfondie intégrant tous les parametres pour trouver le bon équilibre entre ce qu'il est possible économiquement de faire sans exclure le client du marché et les constructeurs de leur activités et peut être identifier des mesures pour modifier les comportements et les infrastuctures dont l'efficacité serait meilleure.

Mais bien sur, dans ce cas, ce serait aux politiques de jouer plutôt que de regarder les autres travailler en les critiquant. Or on sait qu'il faut du courage pour cela, que ça peut avoir aussi des effets contreproductifs( cf les programmes de réduction de la circulation de la mairie de Paris) et qu'en démocratie cela peut se terminer en fin de compte par la perte des prochaines élections. Alors, l'attitude classique est de "charger la mule" qui fera d'ailleurs un bouc émissaire facile à blamer plus tard quand les objectifs de réduction de la pollution n'auront pas été atteint et que nous nous retrouverons avec des chomeurs en plus

Peut être faudra t il admettre que nous commençons à arriver aux limites actuelles, techniques et financières, de la technologie moteur et que l'effort maintenant est à porter en priorité sur l'amélioration des infrastructures , du parc de véhicules actuel et des comportements....Désagéable ça pour un homme politique !

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