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CaDerange
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1 février 2007

Une vision scientifique du réchauffement climatique

Décidement l'écologie est à la mode. D'un coté nous avons la campagne pour les présidentielles qui force les candidats à batir des programmes mirifiques pour nous faire croire que tout est possible pour s'en sortir, et surtout avec des efforts minimes des uns et des autres. De l'autre nous avons les " non candidats " comme Nicolas Hulot, Yann Arthus Bertrand et d'autres qui ont une vision de l'avenir plus proche  de la réalité mais qui fait peur et qui tentent d'obtenir des vrais candidats des engagements pour sincèrement influer sur l'avenir de la planète tant qu'il en est encore temps. Enfin, nous avons des ex ministres et parfois candidats comme Dominique Voynet, Corinne Lepage ou Michel Barnier qui, de par leurs intérets électoraux, en restent sur une idéologie traditonnelle immuable sans pouvoir ni vouloir l'adapter à la gravité de la situation .

Dans un autre monde, nous avons le World Economic Forum de Davos qui vient de réunir cette semaine des centaines de hauts dirigeants politiques et industriels pour discuter des grands problèmes de ce monde et en particulier cette fois du problème du réchauffement climatique. A signaler que les grands absents de ce forum depuis des années sont nos grands dirigeants politiques(même pas un premier ministre en trente ans!) qui, sans doute, doivent considérer que toutes ces personnes de haut niveau y vont pour perdre leur temps. Etonnant, non?

Enfin, nous avons le GIEC/IPCC ou Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Evolution des climats, qui réunit cette semaine 500 experts à Paris pour discuter de son rapport de cette année sur le réchauffement climatique

Je ne suis pas allé à Davos,- je n'y étais hélas pas invité-, mais j'ai plus modestement assisté à une conférence d'un vrai scientifique spécialiste du sujet du réchauffement climatique et des émissions de CO2 ,Jean-Marc Jancovici, expert, consultant scientifique et membre d'ailleurs, à ma connaissance, de l'équipe de Nicolas Hulot. Vous pouvez d'ailleurs accéder à ses travaux et à ses analyses sur son site que je vous conseille, www.manicore.com .

Voila les points principaux et les conclusions que j'ai pu tirer d'une conférence particulièrement brillante:

  • La croissance mondiale actuelle de 2pct par an n'est pas soutenable à long terme.
  • Il y a une corrélation parfaite entre les émissions de CO2 et la croissance économique mondiale. Il n'y a aucun doute donc que le niveau de CO2 qui existe dans l'atmosphère et qui augmente tous les ans le fait en corrélation directe avec l'activité humaine
  • L'accroissement de la teneur en CO2 est d'un ordre de grandeur infiniment plus important (1000 fois plus !)  sur une très courte période de temps que n'importe quel phénomène atmosphérique,naturel, climatique ou économique jamais expérimenté sur notre planète. De ce fait nous n'avons aucun moyen de nous raccrocher à une expérience vécue dans le passé pour résoudre le problème
  • Le charbon reste l'énergie primaire dont l'utilisation croit le plus vite dans le monde alors que c'est la plus polluante. C'est lié à la croissance des émissions dans les pays émergents qui disposent d'énormes réserves de ce combustible et les utilisent pour alimenter leur croissance. Croissance qui s'effectue d'ailleurs avec un mauvaise efficacité énergétique dans ces pays puisque l'augmentation de leurs émissions de CO2 est supérieure à celle de leur PIB, produit industriel brut.
  • Il n'y a aucun doute que nous allons passer d'une période d'énergie sans limite à la raréfaction puis la disparition de ces énergies primaires. La seule incertitude est dans la date de ce retournement dans la disponibilité de l'énergie. On connait déjà avec une certaine précision le "peak oil" du pétrole vers 2030. Les autres sources d'énergies suivront inévitablement à plus ou moins long terme mais l'énergie qui s'épuisera le plus tard ne depassera pas la centaine d'année. Au dela de 2030 et même avant, nous assisterons à des mouvements de prix ( à la hausse) qui pourront être considérable.D'après Jean Marc Jancovici ce passage à la raréfaction de l'energie disponible sur la planète se fera dans un delai de trente ans,
  • Il faut que nous réalisions l'extraordinaire pression que nos modes de vie ont mis sur  notre environnement au point de l'épuiser. C'est ce que Jean Marc Jancovici matérialise par le nombre d'esclaves dont nous disposons tous les jours pour notre vie quotidienne. Le calcul est relativement simple, on connait le travail que peut fournir un homme et un cheval vapeur et on connait notre consommation journalière d'énergie. Sur ces bases, nous vivons comme si nous avions à notre disposition tous les jours pour nous servir l'équivalent de ...100 esclaves à notre service.
  • La teneur en CO2 dans l'atmosphère est irreversible. Ce que nous avons déjà émis y restera et ne s'attenuera que très lentement au long des siècles.Ce que nous continuons  et continuerons à envoyer dans l'atmosphère viendra faire croitre régulièrement cette teneur en CO2 et donc le réchauffement climatique qui l'accompagne.
  • Toutes les recommendations diverses pour réduire nos émissions n'ont un effet sur le réchauffement climatique que du 2ème ordre au mieux, c'est à dire ridiculement inefficace par rapport à l'ampleur du problème. On ne réduit pas un problème lié à la multiplication par 1000 en trente ans de la teneur en CO2 dans l'atmosphère, en jouant sur un facteur 10 au mieux. A tout le mieux, d'après lui, toutes les mesures proposées jusqu'içi pour un développement dit durable ne pourront repousser le problème du dépassement du pic de l'energie que d'une trentaine d'année, pas plus, soit à 2060 .
  • Personne ne nous dit vraiment ce que signifie dans la vie de tous les jours l'objectif affiché du développement durable qui est de diviser par quatre nos émissions locales de CO2 (pour ceux qui le mettrons en oeuvre bien sur). D'après lui cela signifie réduire nos dépenses énergétiques à 1 seul voyage en avion par an, à 200km en voiture par an mais à 40km/H seulement et à supprimer tous les chauffages au gaz et au fioul. Une vision apocalyptique de cet avenir mais pas très éloignée de celle de Yves Cochet. De la part de nos autres hommes politiques motus et bouche cousue sur ce futur effrayant....
  • Une évolution inévitable que l'on peut soit ignorer car elle arrivera de toute manière sur les prochains trente à soixante ans, soit essayer d'atténuer au mieux ses effets. Pour cela,des mesurettes comme la promotion de l'éolien sont sans aucun intéret car d'une importance beaucoup trop faible pour influencer un phénomène aussi considérable en trente ans.Le nucléaire d'urgence est incontournable mais ne suffira pas non plus car, a-t-il calculé, ce n'est pas moins de 28 000 centrales nucléaires qu'il faudrait batir, toujours sur trente ans, pour satisfaire les besions de toutes les popûlations du monde au niveau de qualité de vie de l'Europe en 2030.
  • Première urgence pour lui pour atténuer autant que faire se peut le problème. Subvenbtionner non pas l'éolien mais ce qui aurait l'effet le plus important et le plus rapide sur nos émissions, l'isolation de l'habitat ancien. On pourrait d'ailleurs en dire autant de l'amélioration du parc automobile actuel très polluant(80pct de ce parc) plutôt que d'essayer de tirer à grand frais le dernièr pouième d'amélioration d'émission de nos voitures actuelles( NDLR). S'intéresser à l'effet de masse donc plutôt qu'à l'extrème performance que personne en pourra se payer.
  • Deuxième urgence, taxer fortement l'énergie car l'expérience a montré que, même en démocratie, les quotas ça ne marche pas et seul l'impact " au portefeuille " est efficace.
  • Sa crainte enfin: que dans un monde où la lutte pour l'énergie va devenir féroce, la démocratie ne fasse pas le poids. La seule expérience d'une régression de cette importance dans l'histoire du monde est celle de la crise de 1929 dont on sait ce qu'elle nous a apporté, la montée des dictatures en particulier...
  • Enfin dernier commentaire, l'un des facteurs très importants dans l'accroissement de nos besoins énergétiques et de nos émissions est l'accroissement de la population mondiale.Peut être faudra-t-il en arriver à reconsidérer notre approche de la reproduction de l'espèce, comme la Chine justement a su le faire à un époque.

Désolé de vous casser le moral, comme je l'ai eu moi même à l'écoute de cette conférence mais il vaut toujours  mieux savoir ce qui nous menace. Je trouvais nos hommes politiques peu bavards sur l'impact économique de ce défi planétaire. Si tout ceci s'avèrait vrai, je comprends qu'aucun d'entre eux n'ait le courage de nous annoncer cet avenir inéluctable.

"Le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté " comme dit le chanson de Guy Béart. Nos politiciens, en attendant la matérialisation de ces sombres perspectives, préfèreront les belles paroles et les réélections!

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CaDerange
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