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CaDerange
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23 janvier 2007

Lancer le E 85: une approche "moi aussi" ?

Notre Ministre des Finances, Thierry Breton a annoncé récemment que, ça y était, on se lançait en France et à son initiative,  dans la distribution du E 85, le mélange alcool/super à 85/15 qui peut être utilisé  dans des voitures  à essence au moteur réglé spécialement pour pouvoir fonctionner alternativement soit au Super classique soit au E 85. Comme au Brésil donc puisque c'est LE carburant à succès dans ce pays. Pour ce faire il faut que l'Etat fasse un (gros) effort sur les taxes qu'il perçoit sur sa vache à lait préféré en les réduisant au même niveau que le biocarburant incorporé dans le carburant actuel soit à 33 cts du litre au lieu de 59. Pour que ce nouveau carburant soit assez largement disponible sur le territoire, le Ministre s'est engagé également à ce que 500 pompes vertes le distribuant soient installées d'içi fin 2007, promesses qui devra être tenues, bien sur, par les distributeurs.

Le prix de vente du E 85 sera affiché à un prix de l'ordre de 0.80 euro le litre soit assez nettement moins que le super actuel en valeur affichée (1,17 actuellement),  mais comme on en consomme 20pct de plus que du super, l'avantage global sur le cout du carburant descend à environ 20pct. Soit le même prix que celui du gazole à ceci près que l'on consomme enocre moins de gazole que de super, particulièrement en ville et qu'à ce prix là les taxes verseés à l'Etat se montent à 42 cts    contre 33 pour le E85.

L'UFC Que choisir vient de publier un article critiquant cette politique de promotion du E 85 qu'il trouve "dispendieuse et aveugle" et qui correspond plus à un effet d'annonce qu'à une politique pensée et réflechi pour promouvoir les bons choix énergétqiues ! Ce que les anglo saxons appellent une "Me to Approach", une approche Moi Aussi  en Français. En d'autre termes notre Ministre n'a pas résisté à l'occasion de faire comme les autres sans étudier si dans le contexte français, promouvoir ce carburant avait un sens industriel et écologique.

Un des reproches de Que Choisir et des scientifiques sur l'utilisation de l'éthanol comme carburant est que le bilan global énergétique "du puits à la roue" est beaucoup moins favorable qu'il n'y parait si on prend en compte l 'énergie nécessaire à semer, récolter et distiller les céreales uilisées pour le produire. L'exemple brésilien que l'on a tendance à nous présenter comme la preuve absolue du potentiel de la filière éthanol, repose en fait sur un autre végétal, la canne à sucre, qui offre une adéquation parfaite avec le climat brésilien, sur l'utilisation extensive d'une main d'oeuvre très peu couteuse et non consommatrice d'énergie à la place de tracteurs et sur une climatologie (pas d'hiver) qui correspond parfaitement aux performances de l'alcool. En d'autres termes,ce modèle n'est pas transposable tel quel en Europe. Que Choisir suggère d'ailleurs d'utiliser de l'Ethanol brésilien plutôt que de subventionner lourdement des filières à base de céreales en France et en Europe.

Outre le problème de la couteuse taxation réduite de ce carburant, sa distribution coutera extrèmement cher puisqu'il faudra lui réserver des passages en plus dans les oléoducs qui l'amèneront aux dépots pétroliers, lui trouver ou lui batir des bacs de stockages nouveaux dans ces dépots, lui trouver ou construire des cuves et des pompes affectées en station service et que cela complexifiera encore les livraisons finales en station. C'est la raison pour laquelle, dans un message du 29 octobre 2006, je vous avais fait part de ce que l'introduction en mélange dans le super, qui est loin d'être utilisée à son potentiel maximum faute d'éthanol disponible, me paraissait beaucoup plus économique à distribuer que le fameux E 85. Incidemment l'Etat avait lancé il y a quelque temps un appel d'offre international important pour doubler au moins le pourcentage d'éthanol utilisé dans le super. Il serait intéressant d'en connaitre le résultat...

Autre désavantage, la structure de nos raffineries qui était historiquement adapté à des productions et consommations beaucoup plus importantes de super que de gazole, fait que leur production est largement excédentaire en Super que nous exportons à prix inférieurs, - il faut bien payer le voyage-, vers le marché Nord Américain. Lancer le E 85 aura pour effet d'accroitre cet excédent de super et donc le déséquilibre de notre balance des paiements.

Pour toutes ces raisons je soutiens totalement l'avis de Que choisir que nous devrions plutôt concentrer notre agriculture sur la production de diester, ou biodiesel, à partir de colza ou de tournesol qui présente tous les avantages d'un bien meilleur rendement énergétique global,d'un avantage fiscal moins excessif et d'une distribution beaucoup moins couteuse. Sans compter que ramener le consommateur avec le E 85 vers le moteur à essence au détriment du moteur diesel beaucoup plus efficace énergétiquement est une hérésie.

Que reste t il de cette initiative de notre Ministre des Finances, un effet d'annonce qui vise à en tirer un bénéfice médiatique, le plaisir de pouvoir dire en se référant aux Suédois " moi aussi, je l'ai lancé", qu'importe? C'est à mon avis un coup d'épée dans l'eau qui me rappelle celui du lancement, il y a 20 ans, du GPL qui s'est terminé en déconfiture...

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CaDerange
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