Emissions de CO2:Ne pas être le meilleur trop tôt....

C'est le commentaire que me suscite le rejet du plan d'allocation français de quotas d'émission de CO2 proposé à la Commission de Bruxelles par notre Ministre de l'Environnement et carrément refusée par cette dernière.

Il est vrai que nous étions en retard de plus de 6 mois pour remettre cette proposition à Bruxelles et que, bien sur, cela peut irriter un peu nos interlocuteurs. Il est vrai aussi que les engagements précédents de la France pour la période précédente s'étaient revelés vraiment trop facile à remplir pour ne pas susciter des méfiances pour les propositions suivantes. Une chose est sure en tous cas, nous ne somme pas vraiment habiles avec la Commission de Bruxelles...

Car enfin, comme le montre le tableau ci contre c'est quand même notre pays qui est le plus performant de toute l'Europe en ce qui concerne la maitrise de ses émissions de CO2 et de très loin ! L'Allemagne en émet en effet plus de trois fois plus que la France! Et la Grande Bretagne , considérée comme la bonne élève par la Commission pour la qualité et le niveau de ses efforts de  réduction d'émission , propose d'en émettre quand même 100 millions de tonnes de plus que les 150 millions de tonnes proposés par la France!

Notre excellent positionnement actuel en terme d'émission provient, bien sur, du choix fait par la France de faire appel massivement au nucléaire pour sa production d'électricité, il y a plus de trente ans. Choix qui nous a permis non seulement d'équilibrer notre balance des paiements, mais surtout de surpasser et de très loin tous les autres pays du monde en terme de modicité de nos émissions de CO2 par point de Produit Intérieur Brut.

Bien sur, il est beaucoup moins facile pour nous, au niveau de pourcentage très élevé de production d'electricité sans émission de CO2 que nous apporte le nucléaire, de pouvoir à la fois les diminuer encore et poursuivre une croissance économique indispensable pour créer des emplois. Car malheureusement, la proposition Française reflète l'interdépendance qui existe entre émissions de CO2 et développement économique. Même si, bien sur, on peut réduire la quantité d'energie nécessaire pour produire un point de Produit Interieur Brut grace à l'amélioration des techniques de production et d'utilisation d'électricité, de celle d'isolation et au renforcement de l'utilisation des énergies "propres". C'est ce que les spécialistes appellent "l'intensité énergétique" d'une industrie ou d'un pays.

Il est donc beaucoup plus facile à un pays comme l'Allemagne, fortement productrice de CO2 de réduire cette production en fermant ses centrales au charbon et en developpant l'éolien, le photovoltaïque ou même le nucléaire que pour la France déjà particulièrement peu productrice de CO2 dans sa structure de production électrique.

Au total les engagements revus à la baisse que notre manque de diplomatie ou notre absence d'un lobbying actif auprès de la commission vont nous forcer à presenter à Bruxelles, vont se traduire par un frein au développement économique pour les années 2008 à 2012. Ou encore, vont amener notre industrie à délocaliser ses futures installations vers des pays sans ce type de contraintes...

C'est ce que les anglo saxons appellent se tirer une balle dans le pied. Quel dommage donc d'avoir été le meilleur élève de la classe trop tôt....