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CaDerange
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7 novembre 2006

De l'influence des medias sur les grands procès.

La Commission Parlementaire  sur le déroulement du procès d'Outreau nous avait montré l'effet pernicieux que pouvait avoir la presse et les médias sur le déroulement de l'instruction et l'établissement de ses convictions dans l'esprit du juge. Les articles qui paraissent chaque jour et sont lus tous les matins par le juge, le procureur et tous les participants à la machine judiciaire ne peuvent qu'influencer jour après jour les autorités judiciaires et contribuer à la formation de leurs jugements. Car il est toujours plus facile, quand on est en première ligne face à l'opinion publique et aux médias, d'être de leur avis que de s'y opposer. Je dirais même qu'il faut un personalité forte et bien établie pour tenir ferme face à de telle  pressions, surtout quand on est débutant dans le métier.

De mémoire, il me semble qu'il y a eu lors de la Commission, quelques vagues regrets exprimés par des représentants de la presse sur l'affaire d'Outreau, mais comme ce n'était pas le sujet de la Commission Parlementaire, on est vite passé à un autre sujet.

L'émission de télévision sur l'affaire Villemin nous montre de manière encore plus forte et plus précise les motivations des journalistes en charge de "couvrir" l'évènement. Il faut faire de l'audience ou du tirage sur de telles affaires. Il faut en faire plus que le journal concurrent. Tout est bon de ce fait pour débusquer l'information nouvelle, tirer de juges, commissaires, policiers ou avocats de l'accusation ou de la défense proches de l'affaire, le petit fait nouveau pas encore trouvé, la copie de document qui permet à votre journal de mettre votre scoop à la une. La manière dont ces journalistes se forgent leur opinion - et forgent la votre- est bien sur très loin du calme et de la pondération qui doivent prévaloir dans une affaire pénale. Il n'instruisent pas à charge et à décharge, ils "instruisent au tirage" de leur journal. 

Tout est bon également pour mettre la pression sur le juge et la police pour qu'ils aillent dans le sens de votre thèse personnelle. Et quand les acteurs de l'affaire sont facilement accessibles aux journalistes, voire les renseignent, c'est à un concours de manipulation que l'on assiste. On peut penser que la pulsion qui a amené Jean Marie Villemin  à tuer Laroche a sans nul doute été largement influencé par cet environnement sulfureux 

Ce film Tv est sans doute une fiction qui caricature certains des journalistes et des policiers en cause et qui va au dela de la réalité. L'affaire Villemin est peut être aussi par l'horreur du crime, son aspect mystérieux(le fameux corbeau), ce qu'elle nous revèle des jalousies familiales et professionnelles, le manque d'expérience et de personalité du juge,une de celle qui, malheureusement, devait susciter de la part des journalistes l'intéret immédiat que vous avez constaté.

Messieurs les journalistes, vous êtes censés respecter une déontologie que vos mettez souvent en avant pour justifier vos agissements et vos privilèges, la protection de vos sources en particulier. Pour l'honneur de votre profession vous vous devez, particulièrement quand vous couvrez de affaires à forte connotation émotionnelle et humaine, oubliez le tirage de votre journal et votre carrire personnelle quand vous écrivez vos artoicles. De même que c'est une obligation pour le juge, vous devriez vous aussi écrire "à charge et à décharge".

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CaDerange
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