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CaDerange
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10 octobre 2006

Airbus: Ecoute sélective, Imbroglio, Cacophonie et Mélange des genres.

Les quatre mots en rubrique sont ceux qui me viennent à l'esprit pour qualifier la situation dans laquelle se trouve aujourd'hui Airbus et EADS.

Ecoute sélective, c'est pour moi l'attitude qui caractérise Airbus ces dernières années dans ses discussions avec ses grands clients pour définir leurs attentes et en déduire un plan produit pour les années à venir. J'avais déjà eu l'occasion dans un message du 2 mai 2006 de vous exprimer ma perplexité face à un avion dont je pensais qu'il était en décalage avec le marché, l'A 340, un quadriréacteur long courrier défini à un époque où la tendance était déjà aux biréacteurs pour cause de moindre consommation en carburant.

De la même manière, dans la définition des priorités de développement d'Airbus, on peut se demander si cette priorité devait être donné à l'Airbus A 380, comme cela a été fait, ou au renouvellement de la gamme actuelle des A 330, le programme A 350/370. Quand je constate la médiatisation faite du programme A 380 , je ne peux m'empécher de rapprocher la problématique de son développement de celle de son prédécesseur malheureux, le Concorde. C'est à dire un avion de prestige, un avion qui plaisait aux politiques, un avion pour lequel les ingénieurs se sont fait plaisir mais pas nécessairement celui que les clients auraient souhaités dans un premier temps. Sa longue période de gestation avant la décision de lancement en est une preuve. Le plan produit de son concurrent Boeing, à partir de sa propre compréhension des attentes de la même clientèle et surtout le succés de la gamme proposée, 777 et 787 Dreamliner en est une autre preuve.

Il est toujours possible, quand on a en tête le produit que l'on souhaiterait developper et qu'on le présente au client potentiel de ne retenir dans ses commentaires que ce qui va dans votre sens et d'occulter involontairement ceux qui ne correspondent pas à vos propres attentes. C'est ce que l'on appelle l'écoute sélective dont je crains qu'elle ne soit intervenue dans la saga des Airbus 380 et 350 ancienne et nouvelle définition.

Imbroglio,c'est l'impression que donne l'organisation industrielle d'Airbus et d'Eads avec deux usines de montage dans deux pays eloignés et des pièces qui viennent d'un peu partout ne Europe. Un A 380 qui est fabriqué pour partie à Hambourg et pour partie à Toulouse, dont certaines pièces viennent par un avion spécial, le Super Guppy, developpé spécialement pour ces transports,d'autres par bateau puis transfert route via une route crée tout spécialement de Bordeaux à Toulouse et les autres pièces d'un peu partout en Europe. Etonnez vous dans ces circonstances  que nous ayions des problèmes de dérive des couts !

Imbroglio également dans le processus décisionnel alors que nous avons deux sociétés, Airbus et EADS, dont l'une appartient à l'autre et pour chacune d'elle une coprésidence Franco Allemande. Avec des actionnaires majeurs qui, des deux cotés, ne semblent pas avoir vocation à rester éternellement, le groupe Lagardère et Daimler Benz, et des actionnaires étatiques qui eux aussi semblent plutôt jouer les spectateurs que les acteurs;

Cacophonie, c'est ce qui caractérise la communication des responsables passées et actuels. Ceux qui sont partis et qui ne semblaient pas être en mesure de comprendre ce qui se passait, ce qui n'allait pas et où nous en étions exactement. Le nouveau PDG qui a eu le grand mérite d'identifiier en trois mois les travers du systeme, de quantifier retards et surcouts et de faire des propositions de nouvelle organisation et de restructurations douloureuses et qui maintenant menace de démissionner à la constatation de son manque de coudées franches. Le coprésident allemand d'EADS qui s'oppose publiquement à ces restructurations, s'exprime sur le maintien d'une fabrication duale de l'A 380 entre Hambourg et Toulouse et sur un abandon possible de l'A 350 ! Et le coprésident Français qui ne dit rien pour l'instant.

Mélange des genres, c'est ce qui caractérise les opérations industrielles ménées par les Etats et les hommes politiques qui les gouvernent tant il est vrai que les objectifs d'ordre industriels ( efficacité organisationelle, maitrise des couts, compéttivité) sont très éloignés de ceux des hommes politiques qui tiennent beaucoup plus de la vitrine sociale, de l'aménagement du territoire et de l'exploitation personnelle eventuelle des résultats.

Malgré tout cela il faut sauver le soldat Airbus et vite. Souhaitons que tous ce gens intelligents mais aux objectifs opposées puissent réussir à oeuvrer pour l'interet général... et surtout une bonne fois pour toutes.

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CaDerange
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