Europe des mots et de actions

L'Europe s'est constituée pour pouvoir se battre à armes égales avec les Etats Unis sur le plan économique. La conséquence première en était que nos organismes de tous types qui étaient reproduits à l'identique chez les partenaires de cette Europe à 15 puis à 25 devaient en principe se fondre dans des organismes communautaires qui auraient l'avantage d'être plus efficaces, de fonctionner suivant des normes identiques dans tous les pays, de ne plus donner lieu à des problèmes "d'interface" et donc en fin de compte de couter moins cher au consommateur et utilisateur. Tous les grands services de l'Etat etaient concernés par ce grand effort d'harmonisation et de coopération de la même manière que les entreprises étaient censées s'européaniser.

Là, tout ceci était de la théorie et de la théorie à la pratique, il y a malheureusement un vaste pas à franchir. C'est ainsi que des petites choses qui pourraient créer en chacun d'entre nous un sentiment d'appartenance à cette communauté européenne ne sont toujours pas là plus de 50 ans après la signature du traité de Rome. Un passeport européen, un permis européen, des plaques d'immatriculation éuropéenne en sont encore au stade du balbutiement. Les seuls vrais signes d'appartenance a une communauté ont été la suppression des frontières( sur les routes et autoroutes) et surtout la création de la monnaie commune,l'Euro. Quand à des choses comme une police Commune, un armée commune, des diplomes universitaires communs nous en sommes encore très loin.

Dans ce domaine de l'absence d'action, l'actualité épingle ces jours çi une organisme qui n'a pas avancé d'un pouce depuis 50 ans et qui de ce fait coute infiniment plus cher à ses utilisateurs que son équivalent américain. Je veux parler du contrôle du trafic aérien  dont un rapport officiel de la Commission de Bruxelles nous révèle qu'il coute  4.4 milliards de plus sur une facture globale de 7 milliards par an que la gestion du ciel des Etats Unis !

La raison majeure en est la fragmentation extrème de ce contrôle entre 36 organisations publiques et privéees, 100 zones aéroportuaires et 600 secteurs là où, aux Etats Unis, un seul organisme gère la totalité du contrôle aérien. Au déla du seul surcout, ce sont aussi des gaspillages d'énergie par manque d'optimisation des trajectoires et des risques accrues aux multiples frontières où le controle passe d'un système à un autre.

Un grand progarmme baptisé SESAR,Single European Sky Systeme ATM Research,est en cours de gestation et devait nous permettre d'en arriver à une nouvelle infrastructure à la fois plus performante, plus sure et qui permette d'absorber l'augmentation du trafic aérien. Mais il ne sera opérationnel qu'en 2014/2020 !

Cela va dans le bon sens et l'on ne peut que se satisfaire de ce début d'Europe. Mais au lieu de nous parler tout le temps d'Europe et de ne pas faire grand chose dans les faits, n'aurait on pas pu mettre ce programme en chantier il y a déjà trente ans? Peut être aurions nous pu éviter le rejet d'Europe auquel les référendums Français et Hollandais ont donné lieu si nous avions, bien avant, donné à nos citoyens ce sens d'appartenance à une communauté qui se base sur une multitude de petits riens.

Et de la même manière peut être serions nous plus compétitifs pour exporter nos produits ou résister aux importations d'autres pays si des centaines de surcout de ce type qui, in fine, pèsent sur les prix de revient, avaient été éliminés bien avant.

C'est toute la différence entre l'Europe des mots que nous vivons depuis des décennies ( et encore quand nos hommes politiques osent nous dire ce qu'il en est vraiment)  et celle des actions.