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CaDerange
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2 août 2006

Enfer du Jeux:la mainmise des Etats ménacée par Internet

Nous sommes un vieux pays catholique et à ce titre les jeux d'argent ont toujours été considérés avec une grande suspicion dans notre pays car on y considérait que "l'ouvrier" qui jouait, le faisait au détriment de sa famille et n'était pas capable de résister à l'attrait du jeu avec toutes ses conséquences.

Cette attitude n'est pas unique à la France. En Chine par exemple une sentence de Mao lui même avait stigmatisé les jeux d'argent comme un "vice social" au même titre que l'opium et avait interdit les paris dès 1949. Aux Etats Unis, pourtant haut lieu du jeu,il sont néanmoins rigoureusement encadrés par l'Etat américain. Même attitude en France où par une loi qui date du 21 mai 1836 et qui n'a jamais été modifiée depuis, cest l'Etat qui s'est reservé l'intégralité du controle des jeux de hasard.

Depuis, cette vision caritative et paternaliste de  l'enfer du jeu a beaucoup évolué  et chacun a eu l'occasion de se faire sa propre idée, à Las Vegas,au cinema ou à la télévision sur les risques et les agréments des  jeux. Au point que le jeu et les paris ont désormais acquis une acceptabilité sociale et sont devenu des distractions banalisées. Par contre les Etats n'ont absolument pas relachés leur emprise sur le controle de ces jeux et les lourds prèlèvement financiers à leur profit qui vont avec.Canalblog_001

Or un nouvel intervenant dans ce marché cadenassé vient d'apparaitre avec Internet et ses sites spécialisés dont beaucoup sont implantés dans des iles "paradis fiscaux" moins regardants sur le cadre légal comme les iles Antigua, Gibraltar ou Malte. Le tableau ci dessus donne une idée de l'importance des sites de paris off shore.

L'apparition de ces sites de jeux supprime la base morale de la loi de 1836 puisqu'elle rend illusoire la protection du parieur à l'heure où 2 millions d'internautes jouent sur ces sites. Pourtant la justice française continue à appliquer strictement la loi de 1836 et a encore récemment condamné un site maltais de paris sur les courses qui concurrençait le PMU. Le Syndicat des Casinos de France, en clair le groupe Partouche, vient le 28 mars de déposer une plainte contre l'Etat Français pour abus de position dominante et maintien de monopole injustifié.

Aux Etats Unis,la justice américaine s'en est pris récemment au site BetOnSports, implanté offshore mais proposant ses paris aux internautes américains, en considérant que leur activité est illégale au titre d'une loi appellée Wire Wager Act. Son directeur général et dix collaborateurs ont  ainsi été arretés et inculpés d'escroquerie, conspiration et fraude.L'ile-Etat d'Antigua a répliqué en demandant à l'Organisation Mondiale du Commerce de se prononcer sur la position de Etats Unis.Les Etats Unis auraient du en effet ouvrir leur marché des jeux en ligne depuis novembre alors que le Congrés a au contraire approuvé une loi renforçant leur interdiction.

En Chine,ce sont les paris clandestins qui sont visés car ils génèrent à leur profit des revenus estimés à 70 milliards d'euros alors que les modestes loteries d'Etat n'en captent que 10pct. Du coup il est question de " dépénaliser le vice". Car disent les promoteurs de l'idée, "le marché existe et le jeu fait partie de la nature humaine". Les Chinois sont des fanatiques des paris et on estime qu'il y dépensent annuellement près de 60 milliards d'euros, un petit peu dans les paris d'Etat, mais la vaste majorité dans des paris organisés pour eux par la communauté expatriée et dans des salles clandestines ou sur internet. Ils ont par exemple perdu gros à l'occasion de la coupe du monde en pariant sur le Brésil.

Conclusion, il va surement se passer une redistribution des cartes dans l'univers du jeu dans le monde dans les prochaines années. Une certitude,les Etats se battront bec et ongles pour conserver cette poule aux oeufs d'or. Quant à la base morale sur laquelle ces législations ont été établies, elle est oubliée depuis longtemps.

 

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