Fret SNCF: ça ne s'arrange pas...

Louis Gallois en quittant la SNCF laissera un cadeau empoisonné à son succeseur Anne Marie Idrac, le fret SNCF. Rappellons qu'après des années de déséquilibre financier et de mauvais service rendu au client qui n'avait pas le choix, son fond de commerce s'est réduit comme peau de chagrin aux produits et aux clients pour lequel le transport ferroviaire n'avait pas vraiment de concurrence: les produits pondereux, charbon, minerais, ciment, etc et les clients munis d'embranchement ferroviaire et disposant de grosses capacités de stockage. L'industrie lourde essentiellement. Et des volumes transportés qui sont passés de 55 milliards de Tonnes.kilomètres en 99 à 38 aujourd'hui

Tous ceux qui avaient pu s'abstraire  d'un approvisionnement ferroviaire l'avait fait, fatigués qu'ils étaient du manque de fiabilité du fret SNCF et de son mépris du client. Les méthodes de travail à flux tendu et la prise en compte des couts financiers des stocks dans la comptabilité moderne ont fait le reste.

Dans un dernier effort, en 2003, la SNCF a lancé un programme ambitieux de redeploiement de cette activité avec, en principe, un effort significatif pour satisfaire le client en terme de suivi de ses expéditions,ponctualité et respect des dates de livraison, recentrage sur les secteurs rentables où le train offrait des avantages et diminution sévère des effectifs. Le tout accompagné d'investissements financiers importants pour renouveler un matériel obsolète,en particulier les locomotives. Il fallu pour cela l'accord de l'actionnaire, l'Etat, pour réinjecter 800 millions d'euros dans l'activité et celui de l'Europe toujours soucieuse que les fonds publics ne viennent pas altérer la concurrence avec le privé.On peut imaginer la salive qu'il a fallu dépenser et la montagne de justificatifs à fournir pour obtenir l'imprimatur final de tous.

Tous le monde savait que c'était la dernière chance pour cette activité, qu'il appartenait à tous de la saisir, et croisait les doigts en espérant que ça se réalise.

Or les utilisateurs, que ce soit l'Association des utilisateurs de fret ou la European and Rail Freight platform, sont formels: la situation se dégrade et devient carrément ubuesque. Les trains se perdent et il faut des semaines pour les retrouver. les temps de trajet sont ahurissant, un mois entre Lyon et la Picardie,9jours de Dunkerque à Mulhouse. Une très mauvaise fiabilité dans la gestion du transport au point qu'il est arrivé que certaines usines soient en risque d'interruption de leurs activités pour cause de rupture d'approvisionnement.

Louis Gallois lui même avant de partir avait déclaré( en privé):<<c'est le souk>>

L'ouverture à la concurrence avec l'arrivée de Veolia, Rail4Chem ou Ews devrait améliorer les choses mais ils n'ont pas l'intention de se substituer au fret Sncf et par ailleurs c'est toujours la SNCF qui gèrera les passages sur les lignes et les attentes en gare de triage.

Alors, on attend la déconfiture finale ou quoi?