Barroso met la France face à ses contradictions
José Manuel Barroso a fait un intervention devant l'Assemblée Nationale que l'on peut qualifie d'"énergétique" sur la forme mais qui a surtout eu le mérite de nous faire sortir de notre morosité francofrançaise et du discours convenu de tous nos hommes politiques axé sur leurs batailles politiques traditionnelles, et de nous rappeller que nous avons signé, toutes tendances confondues,ce que nous reprochons à Bruxelles et à l'Europe.
Une manière en quelque sorte de nous rappeller que l'ensemble de la classe politique n'a jamais eu le courage de dire aux Français ce que nous signions avec Maastricht, ce que voulait vraiment dire l'Europe et quelles en étaient les conséquences économiques. Ce qui explique l'état d'impréparation économique dans lequel le pays s'est retrouvé et le refus d'Europe qui s'en est suivi au référendum.
Il nous a dit que nous étions un "malade imaginaire" ,brillante formule qui a crée quelques remous dans l'hémicycle tellement nos hommes politiques( et nos médias) aiment nous voir broyer du noir. N'est il pas étonnant que nous devions attendre les paroles d'un dirigeant étranger,sur notre sol, pour essayer de nous convaincre que nous sommes toujours un grand pays, que notre économie a de grandes forces et que le pays a une "extraordinaire capacité de rebond"? N'est ce pas la le travail de nos leaders politiques et de nos leaders d'opinion de nous en convaincre et de nous entrainer dans une marche en avant.
Monsieur Barroso,attaqué sur l'idéologie ultra libérale que nous lui reprochons, s'est plus à nous rappeller qu'il était entouré de commissaires socialistes de divers pays qui approvent cette vision, que la directive Bolkestein avait bien été présentée par la commission de Monsieur Romano Prodi, candidat socialiste aux prochaines elections italiennes, que c'est d'ailleurs le parlement européen qui l'approuvera éventuellement et que c'est le gouvernement Jospin qui a donné son accord à la libéralisation des marchés de l'énergie et du transport. Il aurait pu ajouté que le signataire du traité de Maastricht était bien François Mitterrand.
Enfin, il a eu l'audace de nous dire que "ce n'est pas avec un discours contre les entreprises que nous allions créer des emplois".
Nous voila donc remis face à nos responsabilités. Peut être faudra t il enfin que nos hommes politiques commencent à accepter l'Europe qu'ils nous ont fait voté et passent à l'explication de ce monde économique qui fait tant peur plutôt qu'à sa critique systématique.
Merci Monsieur Barroso de nous avoir rappellé que nous étions un grand pays.