Mukhtar Mai: un dérapage scandaleux de la justice tribale?

Dans beaucoup de pays du monde coexistent deux systèmes d'administration juxtaposés. Le système d'Etat, celui que nous connaissons dans les pays développés, avec sa police, sa justice, son éducation, ses impots etc et le système dit traditionnel dans certains pays ou tribal dans d'autres. La base en est l'organisation sociale tradionnelle, par villages, zones géographiques et surtout zones ethniques.Avec des chefs de villages, des rois, voire des sultans dans les zones islamiques.

Ces organisations sociales sont très fortes, implantées depuis des siècles et représentent la force de la tradition qui, dans beaucoup de pays, est plus forte et plus respectée que celle d'une démocratie souvent balbutiante. Son importance varie suivant le stade de développement et la situation géographique du pays considéré, les plus reculés et pauvres étant les plus traditionalistes. Au fil des ans, de l'évolution des moeurs et du développement économique et industriel, l'Etat assume de plus en plus les taches régaliennes qui lui incombent et le système traditionnel continue à assurer la justice de proximité.

En général, le chef ou roi est une personne agée et respectée qui représente la sagesse qu'apporte l'age et l'expérience de la vie. Et ses avis sont dans la majorité des cas respectables et respectés.

L'actualité, nous apporte un contre exemple douloureux avec le cas de Muktar Mai, une femme du Pendjab au Pakistan, qui a été condamnée à être violée par la justice tribale du village où elle habitait, pour réparer la faute d'un de ses frères d'avoir osé parlé à une femme d'une caste supérieure à la sienne. Elle a écrit un livre sur ce qu'elle a enduré, dont le titre est "Deshonoré". Elle se bat depuis pour faire condamner ses tortionnaires, faire évoluer la condition de la femme au Pakistan et empécher que de tels faits ne se reproduise.

Je m'associe à son action et rend hommage à son grand courage. C'est la raison pour laquelle j'ai pensé utile d'écrire cet article en son honneur.

Qu'il est triste de constater qu'au siècle où nous vivons, dans beaucoup de pays encore, peut être même la majorité d'entre eux d'ailleurs, l'obscurantisme le plus reculé peut encore exister.