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CaDerange
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9 octobre 2005

Les profits d'aujourd'hui ne garantissent pas ceux de demain.

J'ai vu dans la presse et entendu dans les médias à l'occasion d'annnonce de restructurations ou de licenciements comme la dernière en date, celle de Hewlett Packard, des affirmations comme quoi on ne peut pas licencier quand on gagne de l'argent. Je suis désolé mais je crois que cette affirmation est une hérésie économique largement repandue qu'il me parait utile de rectifier.

Car, enfin, si les profits d'hier garantissaient ceux de demain, comme le pretendent ceux qui proférent ces affirmations, il ne faudrait surtout et jamais rien faire.Le passé garantirait l'avenir ! Croyez vous que ce soit vrai? Car enfin les profits d'hier c'est le résultat du passé et les restructurations, c'est pour assurer les résultats de demain plutôt, non? Et entre les résultats d'hier et l'effet des restructurations d'aujourd'hui il y a bien deux ou trois ans minimum.

Entendons nous bien. Je ne suis pas intervenu dans le débat HP car je ne suis pas à même de juger du bien fondé de leurs annonces. J'ai aussi beaucoup de sympathie pour les salariés d'HP que je vois, moi, comme les premières victimes de la montée en puissance des pays émergents mais, cette fois, dans des activités à haute valeur ajoutée. Montée en puissance dont,je pense qu'elle est malheureusement loin d'être terminée. Je voudrais donc simplement essayer d'expliquer comment un patron , qui n'est pas forcement un salaud, raisonne pour prendre ce genre de décision.

D'abord dans une entreprise il y a une segmentation des activités qui fait que telle activité peut être bénéficaire alors que telle autre ne l'est pas.Pour prendre le cas du pétrole,par exemple, la production de brut peut très bien gagner de l'argent mais pas le raffinage ou pas la distribution.Faut il laisser faire et ne pas essayer de redresser raffinage ou distribution parce que la production gagne l'argent pour tous le monde?  La réponse est non car peut être dans 5 ou 10 ans ce sera l'inverse et vous serez alors content d'avoir redressé votre raffinage ou votre distribution pour soutenir la production.

On peut aussi se poser la question de pourquoi ne pas conserver seulement l'activité bénéficiaire et se separer de celle qui ne l'est pas- ce qui incidemment serait encore plus traumatisant pour les salariés de ces activités déficitaires? La réponse est en général également non car la conjoncture peut toujours se retourner et dans ce cas on est bien content d'avoir conservé plusieurs cordes à son arc.

On peut aussi dans une entreprise avoir de bons résultats sur tel ou tel pays ou telle ou telle filiale et en avoir un ou une autre qui est déficitaire. Peut on considérer qu'il doit y avoir  une solidarité entre les salariés de tous les pays et toutes les filiales et que cette solidarité justifie de ne rien faire pour  redresser le pays ou la filiale déficitaire?. Bien entendu non et les salariés des filiales ou pays bénéficiaires ne trouveraient pas normal que les "non performant" vivent éternellement à leurs crochets au non de cette belle solidarité.

Enfin, dans le laps de temps entre les ventes et les fabrications qui se sont déroulées sur toute l'année 2004 et le marché et la concurrence d'aujourd'hui, il y a un monde. Le marché peut s'être retourné fin 2004/début 2005, les volumes avoir baissé, des surcapacités de fabrication être apparu, un nouveau concurrent être entré sur le marché avec une politique de prix agressive. Les marges ont aussi pu baisser significativement. Et votre part de marché s'être érodé, ce qui traduit une perte de compétitivité de votre part. Il peut y avoir aussi de nouvelles méthodes de fabrication moins couteuses ou de nouveaux produits moins couteux qui sont apparus entre temps et qui vous forcent a réagir.

Tous ces élements de marché sont suivis au jour le jour par toutes les entreprises du monde dans leur secteur. Et ce sont ces évolutions, beaucoup plus que les résultats d'hier ou l'idée géniale de tel ou tel dirigeant en se levant tel matin qui font prendre la décision de restructuration .Un dirigeant d'entreprise dans le monde d'aujourd'hui se projette en permanence dans le futur et ne pense plus au passé. C'est d'ailleurs une caractéristique bien française de vouloir toujours se raccrocher au passé.

Sur le cas de HP, je n'ai pas les élements pour commenter leur décision et savoir s'il s'agit de leur part d'un simple "échange standard" entre des salariés français et Hindous moins chers ou bien d'un déplacement vers "là où sont les marchés" au détriment des marchés stagnants ou en régression. Simplement après l'épisode Carly Fiorina qui avait gaspillé 20 milliards dans le rachat de Compaq sans aucun bénéfice au grand dam des actionnaires, il me paraissait évident que son successeur devrait reprendre des parts de marchés et serrer la gestion.C'est malheureusment la loi du genre...

En espérant que cette explication un peu longue vous permettra de mieux comprendre "comment ça marche".

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CaDerange
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